L’alcool, les aliments d’index glycémique élevé, et les acides gras trans sont mis en cause.

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/10/16/13868-cancer-sein-prevention-passe-aussi-par-lalimentation

Peut-on pré­venir le cancer du sein par l’alimentation ? Cette question, à laquelle un colloque, sous l’égide de l’EHESP (l’Ecole de santé publique), est consacré début octobre à Rennes, se pose car les arguments scientifiques attribuant un rôle à l’alimentation dans ce cancer sont de plus en plus nombreux.
Pour le Pr Philippe Bougnoux, cancérologue (CHRU Tours), «il faut toujours garder en tête que le cancer est une maladie des gènes, que l’alimentation ne donne pas le cancer. Le cancer du sein est hétérogène. L’alimentation semble jouer peu de rôle dans celui de la femme jeune, souvent à prédisposition génétique. Le cancer du sein de la femme mûre est très différent. L’âge est le premier facteur de risque de ce cancer, 25 fois plus fréquent à 75 ans qu’à 50, mais l’alimentation, l’environnement au sens large, vont modifier l’expression de cette maladie due à l’accumulation d’altérations génétiques, en accélérant ou au contraire en freinant sa croissance.»
Apports caloriques

«Des apports alimentaires supérieurs aux dépenses énergétiques favorisent le stockage et l’apparition progressive d’une obésité avec ses conséquences hormonales, dont l’hyper-estrogénie qui influence l’expression des altérations génétiques dans des tissus hormono-dépendants comme le sein et l’endomètre», précise le Pr Bougnoux. Mais l’obésité intervient aussi par d’autres voies. «Elle agit sur des cancers – foie, rein, lymphomes… -, où les hormones n’ont aucun rôle, et a par elle-même des effets procarcinogènes, indique le Pr François Goldwasser, oncologue (CHU Cochin, Paris). Le tissu adipeux sécrète des facteurs angiogéniques qui stimulent la formation de nouveaux vaisseaux indispensables à la croissance tumorale, et libère des facteurs de croissance liés à l’insuline, comme l’IGF1, qui favorisent la prolifération tissulaire».
En 2006, l’étude WHI (1) sur 49 000 américaines analyse l’effet d’une réduction durable des apports caloriques par la baisse de 25 % des lipides consommés, associée à l’activité physique. «Cette mesure suffit à réduire le nombre des cancers du sein dans le groupe concerné. Pour la première fois, elle suggère qu’une prévention nutritionnelle du cancer du sein est possible, souligne le Pr Bougnoux. Mais cette fraction du risque de cancer du sein lié à la nutrition semble ne concerner qu’une partie des femmes. Si nous savions les repérer, une prévention nutritionnelle ciblée serait envisageable.»
L’unité Inserm U921 qu’il dirige recueille des échantillons de tissu adipeux prélevés sur des femmes lors d’opérations diverses du sein. «Ce tissu garde la mémoire de nos consommations de lipides. Nous avons montré que les femmes qui font un cancer du sein avaient un tissu adipeux moins riche en acides gras omega-3 (2) que celles qui n’en font pas, et qu’un taux élevé d’acides gras omega-6 ou d’acides gras trans était associé à un risque accru.»